Face aux défis du changement climatique, de plus en plus d’industries en Côte d’Ivoire intègrent les énergies renouvelables dans leurs processus de production. Cela s’inscrit dans une dynamique mondiale visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) et à promouvoir un développement durable. De nombreuses entreprises locales, conscientes de la nécessité de verdir leur production, adoptent des initiatives pour réduire leur dépendance aux énergies fossiles.
Une évolution depuis le sommet de l’état
En Côte d’Ivoire, les énergies renouvelables sont devenues un enjeu stratégique. L’État a récemment franchi une étape importante avec l’inauguration de sa première centrale photovoltaïque à Boundiali, située au nord du pays. Ce projet s’inscrit dans un vaste programme de diversification des sources d’énergie avec pour objectif de répondre aux besoins croissants du pays tout en réduisant son empreinte carbone.
Le développement des énergies renouvelables bénéficie d’un soutien institutionnel croissant. Des initiatives de biomasse sont en cours, notamment à Gagnoa, où l’on utilise les cabosses de cacao pour produire de l’énergie. Cependant, malgré ces avancées, le cadre réglementaire ivoirien reste en pleine construction, et beaucoup d’industriels espèrent des réformes qui faciliteront davantage l’accès à l’électricité renouvelable.
Les pionniers de l’industrie ivoirienne dans l’adoption des énergies renouvelables
Certaines entreprises, conscientes des enjeux, ont pris les devants en intégrant des sources d’énergie alternatives à leur processus de production. C’est le cas de Nestlé Côte d’Ivoire, qui a adopté des solutions telles que la biomasse et l’énergie solaire pour ses usines.
Nestlé Côte d’Ivoire se distingue ainsi par son adoption progressive des énergies renouvelables dans ses usines. L’usine Nescafé, située en Zone 4, utilise déjà le marc de café comme biomasse pour produire de l’énergie thermique, ainsi que des chauffe-eaux solaires et de l’électricité photovoltaïque tandis que l’usine culinaire de Yopougon suit le même chemin avec des projets similaires en cours. « Actuellement, nous avons une pénétration de 23% d’électricité renouvelable à Yopougon et planifions 8% sur le site de Nescafé », Explique Aka Serge N’gadi, Ingénieur Spécialiste des projets d’énergies renouvelables pour Nestlé.
Le processus est simple mais efficace : « La biomasse, par exemple, provient du marc de café, qui est incinéré pour produire de la vapeur utilisée dans le processus de production, » poursuit-il. L’énergie solaire est, quant à elle, déjà utilisée pour la production de l’eau chaude sanitaire pour les employés et en plus l’installation solaire photovoltaïque sera une source d’énergie complémentaire et permettra d’alimenter les installations électriques.
D’autres entreprises de l’agro-industrie, comme les acteurs du secteur du cacao, explorent également la biomasse comme solution énergétique durable, utilisant des sous-produits de leur production pour générer de la chaleur ou de l’électricité. Ce modèle d’économie circulaire, où les déchets sont réutilisés pour produire de l’énergie, séduit de plus en plus d’industries.
Les défis des énergies renouvelables en Côte d’Ivoire
Malgré ces initiatives, les entreprises rencontrent encore des défis importants. Les investissements dans les énergies renouvelables demandent des moyens financiers et technologiques substantiels, et la rentabilité à court terme n’est pas toujours garantie. De plus, certaines technologies, comme la biomasse, bien que prometteuses, soulèvent des questions. Par exemple, l’incinération du marc de café, tout en réduisant l’utilisation d’énergies fossiles, ne résout pas entièrement le problème des émissions de GES liées à l’agriculture intensive qui produit ces matières premières.
Selon Fulgence Gueu, expert en énergies renouvelables, « l’adoption de ces énergies par les industriels est un premier pas important, mais il ne suffit pas à lui seul pour contrer les effets du changement climatique. Une transformation plus profonde de notre manière de produire et consommer l’énergie est nécessaire, à travers une meilleure gestion des ressources et une sobriété énergétique accrue ».
L’avenir des énergies renouvelables en Côte d’Ivoire
Alors que de plus en plus d’industries adoptent les énergies renouvelables, la Côte d’Ivoire semble se diriger vers une transition énergétique prometteuse. Les initiatives de reforestation, la promotion de l’agroécologie et l’encouragement au transport public sont autant d’éléments qui doivent accompagner cette transition.
Il est également crucial de soutenir les départements de durabilité au sein des entreprises, en leur fournissant des moyens humains et financiers adéquats pour mener à bien des projets innovants. L’adoption de technologies propres, combinée à des politiques de réduction de la consommation énergétique, représente la voie à suivre pour que la Côte d’Ivoire puisse concilier développement économique et protection de l’environnement.
Un avenir plus vert à portée de main
Si les défis restent nombreux, les industriels ivoiriens sont sur la voie d’une transition vers des pratiques plus durables, et l’État semble prêt à encourager cet effort. La combinaison d’incitations politiques, d’investissements privés et de collaborations internationales peut propulser la Côte d’Ivoire vers un avenir énergétique plus vert. La clé réside dans une mobilisation collective autour de solutions renouvelables, avec un engagement ferme pour réduire l’empreinte écologique et faire face aux défis du changement climatique.
Toutefois, « ces types d’énergie renouvelables ne sont pas une panacée car elles entraînent d’autres émissions ou demandent par exemple pour le marc du café de la matière première qui est issue de grandes plantations elles même émettrices du CO2 avec parfois l’usage d’engrais chimiques » note Nahounou Daleba, responsable des programmes justice climatique et sociale à Jeunes Volontaires pour l’Environnement (JVE) Côte d’Ivoire.
Néanmoins, pour pallier les risques de pollution liés à ces pratiques agricoles non recommandées, Nestlé dispose de programmes de formation et de sensibilisation adressés aux producteurs. C’est le cas du Nescafé Plan, qui a été lancé en Côte d’Ivoire en 2012, en partenariat avec le Centre National de Recherches Agronomiques (CNRA), le GIZ, le Conseil du Café-Cacao, l’Alliance Forest. Pour faire face aux défis du changement climatique, depuis 2022, le Nescafé Plan à travers ses agronomes, encourage et accompagne les planteurs dans une transition vers l’agriculture régénératrice avec l’utilisation de compost organique, mais aussi la plantation d’arbustes susceptibles d’apporter des nutriments au sol.
Les énergies renouvelables sont une solution pour diminuer notre émission de gaz à effet de serre dans une proportion mais pas de faire face au changement climatique qui demande plus en termes de consommation, de mode de vie. En revanche , « Il existe d’autres solutions qui permettent de gérer nos ressources. C’est le cas par exemple de la sobriété énergétique car la meilleure manière de ne pas émettre c’est de consommer moins. De même l’adoption d’une Agroécologie paysanne moins émettrice du CO2 est une solution envisageable. Développer le transport public, conserver les forêts primaires, promouvoir la reforestation, aller à la transition énergétique restent des alternatives pour lutter contre le changement climatique » propose Nahounou Daleba en guise de solutions face à la problématique du changement climatique dont les effets sont bien perceptibles en Côte d’Ivoire.
Delores Pie
Lemediacitoyen.com
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