Football petits poteaux : un sport revolutionné en pleine ascension

     Le football petits poteaux fait partie des disciplines sportives les plus prisées en Côte d’Ivoire. C’est un sport qui séduit tant par son originalité que par sa simplicité. Il est de ce fait pratiqué dans plusieurs quartiers et draine des foules immenses. Avec la création de la fédération ivoirienne de football petits poteaux en juillet 2017, ce sport a quitté l’informel pour être formalisé. Depuis, il tend à se moderniser voire se professionnaliser. Zoom sur un sport en pleine ascension.

        «Le football petits poteaux est le sport de cœur de tout bon ivoirien. Nous l’avons pratiqué depuis notre enfance » soutient Franck Herman Kouadio, ex joueur de petits poteaux, aujourd’hui arbitre fédéral de petits poteaux

    Le football petits poteaux est un sport pratiqué depuis bon nombre d’années en Côte d’Ivoire. Il est officiellement reconnu comme une discipline sportive ivoirienne à part entière. Ce, depuis la création d’une fédération éponyme : la fédération ivoirienne de football petits poteaux ( Fifpp). Elle est fondée et dirigée par Maitre Fofana Inza et placée sous la tutelle du ministère des Sports et du cadre de vie. Son objectif est de professionnaliser la discipline qui semble t-il est la plus adulée et la plus populaire auprès de la jeunesse ivoirienne.

     Jouan Laurent, amateur de petits poteaux et par ailleurs supporter de l’équipe ‘’ super junior de Yopougon ‘’ (un club de petits poteaux) explique les raisons pour lesquelles le football petits poteaux est tant apprécié :

« les joueurs de petits produisent du beau spectacle énormément adoubées par le public. Ils font des démonstrations appelées‘’ plaisirs ‘’ , matérialisées par des dribles, par un style de jeu fantaisiste… »

    Il ajoute que le petits poteaux est le canal par lequel « des jeunes, dont le rêve était pour la plupart de faire carrière au football professionnel, montrent toute l’étendue de leur talent ».

    Ainsi, plusieurs tournois de petits poteaux sont organisés partout en Côte d’Ivoire pratiquement toute l’année, avec une préférence pendant l’été. L’occasion pour ces jeunes de faire découvrir leur talent à un public varié.

    Le petit poteau d’aujourd’hui créé l’émulation. Des avancées dans ce milieu marquent une rupture drastique avec le petit poteau d’antan.

     Une révolution tout azimut

       A l’origine, le football petits poteaux se jouait uniquement dans le sable ‘’tchin-tchin’’ ( en langue malinké) avec deux briques utilisées comme des poteaux. Aujourd’hui le petits poteaux se déplace en salle pour se jouer sur du parquet avec de l’animation artistique, du spectacle et des jeux.

« Les tournois organisés sous l’égide de la fédération connaissent un professionnalisme considérable, les clubs s’organisent de manière professionnelle en créant leurs propres écussons, leurs propres couleurs …, tout en mobilisant chacun un public», a soutenu Tanguy Dalié, secrétaire général de la Fifpp. La première édition du tournoi tchin-tchin du promoteur Jonathan Morisson, organisée en 2022 a conquis plusieurs par son originalité, sa créativité, ainsi que son aspect convivial et festif.

    Yannick Gohourou, lui aussi promoteur , a initié une conférence d’avant et d’après match dans son tournoi débuté le 17 août 2024 ; une innovation majeure introduite pour la première fois aux petits poteaux. Ce dernier se dit déterminé à porter haut ce sport au potentiel immense : « Mon objectif est de continuer à développer ce sport pour qu’il devienne un tremplin vers le football professionnel, tout en préservant son esprit unique et convivial ».

   BSachant le poids de ce sport sur la population et la jeunesse en particulier, certains promoteurs ne lésinent pas sur les moyens. Les récompenses attribuées aux vainqueurs des compétitions, connaissent une hausse considérable.

    Jonathan Morrison, Yannick Gohourou, Souleymane Kamagaté proposent plusieurs dizaines de millions comme récompenses. La Fédération ivoirienne de football petits poteaux au dernier championnat national a octroyé la somme de 10 millions de F CFA à l’équipe vainqueur.

    Joe Cole, directeur sportif de l’équipe « Bafing » se félicite que de la hausse des récompenses « Cela permettra aux acteurs de vivre un peu de leur art et d’ alléger les charges des présidents d’équipes qui pour la plupart injecte des sommes faramineuses pour l’entretien des équipes ‘‘, a-t-il expliqué.

    Par ailleurs d’un point de vue général, avec la digitalisation et l’avènement des réseaux sociaux, les tournois de petits poteaux ont plus d’écho qu’auparavant. Des panneaux publicitaires sont mis à contribution pour communiquer sur des tournois.

    Aussi, certaines compétitions sont télévisées sur les chaines de télévisions privées à l’exemple du championnat national de petits poteaux organisé par la Fifpp, le tournoi de Jonathan Morrison, le tournoi ‘’ We love Yopougon ‘’ de Souleymane Kamagaté , et celui de Yannick Gohourou.

    Toutefois, malgré les bisbilles qui existent entre certains promoteurs, Tanguy Dalié estime que chacun a su apporter une touche qui contribue à hisser haut le Football petits poteaux.

Une compétition de petits poteaux en salle

 

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Ces innovations témoignent de la montée en puissance de ce sport. Quid du cadre réglementaire ?

      Un sport désormais encadré par des textes

    Les acteurs du petits poteaux s’accordent pour dire qu’ils régnaient une véritable anarchie dans le milieu.

    Les tournois de petits poteaux déchaînent énormément les passions, si bien qu’ils se terminaient souvent par des violentes bagarres. Aujourd’hui cette mauvaise réputation qui était collée à la discipline n’est plus, soutient Tanguy Dalié. Selon lui, sous l’impulsion de la fédération il n’y a plus d’animosité au petit poteau.

     La Fifpp a instauré les lois de jeux et des règlements qui doivent être suivis par les différents acteurs. En effet, tous les promoteurs doivent s’y conformer sous peine de se voir interdire leur compétition. Ceux-ci doivent obéir au cahier de charges et satisfaire certaines exigences. Lesquelles sont relatives d’une part à la sécurité afin d’éviter d’éventuels débordements. D’autre part, une assistance médicale, en cas de malaises ou de blessures.

la liesse d’un public regardant un match de petits poteaux

 

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Une revolution pour la conquête du monde

    Exporter le football petits-poteaux au-delà des frontières ivoiriennes reste l’un des objectifs phares de la Fifpp. Elle est par ailleurs à l’origine de la création de la Confédération africaine de petits poteaux et la fédération internationale de petits poteaux, en novembre 2018.

« Nous voulons d’abord promouvoir le petits poteaux à l’échelle mondiale en emmenant les autres pays africains et du monde à créer leurs fédérations respectives, et ensuite le faire inscrire aux Jeux Olympiques », telles sont les ambitions de la Fifpp, exprimées par Tanguy Dalié, le secrétaire général. Selon lui la fédération est engagée dans plusieurs partenariats avec des pays de la sous-région, à l’effet de les faire former à cette discipline.

    En sept années d’exercice, la Fifpp compte à son actif l’organisation de sept championnats, une coupe d’Afrique des nations, une super coupe etc. Elle organise et supervise la plupart des tournois de vacances sur toute l’étendue du territoire.

 

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Victoire Kouamé Lemediacitoyen.com 

 

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