Féminisme pacifiste, zoom sur les actions féministes en faveur de la paix et à la sécurité en Côte d’Ivoire /Clémence Odjohou, consultante en sécurité, militante féministe

Féminisme pacifique
Clémence Odjohou Enseignante de philosophie Consultante des questions sécuritaires Conseillère à l’ONG Opinion Eclairée Militante féministe

    Féminisme pacifiste. Clémence Odjohou , Enseignante de philosophie, Consultante des questions sécuritaires, Conseillère à l’ONG Opinion Eclairée et activiste féministe, nous propose cette réflexion autour de l’apport du féminisme dans l’édification de la paix en Côte d’Ivoire. Voir son regard sur le féminisme pacifiste, un courant du féminisme!

 

      Le féminisme pacifiste est une approche qui met l’accent sur le rôle des femmes en tant que parties prenantes clés des processus de paix et de sécurité. L’idéologie féministe pacifiste vise à promouvoir l’égalité des sexes et la non-violence dans la société, et elle peut apporter de nombreux avantages tels que la réduction des inégalités de genre, une meilleure gouvernance, une meilleure résolution de problèmes et une plus grande paix et sécurité pour tous les membres de la société.

       En Côte d’ivoire, le féminisme pacifiste a pris une importance croissante ces dernières années, avec des organisations et des groupes de femmes s’engageant activement pour promouvoir la paix et la sécurité. Les actions féministes en faveur de la paix et de la sécurité en Côte d’Ivoire comprennent des initiatives telles que la médiation des conflits, la formation des conflits, la formation des femmes en matière de défense et de sécurité, et la promotion des droits des femmes en tant que parties prenantes clés des processus de paix. Ces actions visent à donner aux femmes une voix et une influence plus importantes dans les processus de prise de décision liés à la paix et à la sécurité, et à les aider à jouer un rôle plus actif dans la construction d’une paix durable. Le féminisme est également lié aux efforts pour lutter contre les violences basées sur le genre et pour promouvoir l’égalité des sexes. Il vise à reconnaitre et à adresser les causes profondes des conflits et des violations des droits des femmes, telles que la pauvreté, l’exclusion sociale et la discrimination.

    Ainsi, comment le féminisme pacifiste a-t-il émergé en Côte d’Ivoire ? Quels sont les défis auxquels le féminisme pacifiste en Côte d’ivoire est confronté ? Comment le féminisme pacifiste peut-il contribuer à la construction d’une paix durable en Côte d’Ivoire ?

Le féminisme pacifiste met l’accent sur la promotion de la paix et la non-violence en tant que moyens principaux pour atteindre l’égalité des sexes. Ils estiment que les violences, y compris la violence armée, est une menace pour les femmes et les filles, et qu’elle doit être évitée ou minimisée autant que possible. Le féminisme pacifiste est antimilitariste car il remet en question la nature même de la guerre et de la militarisation. Les féministes pacifiques considèrent que la guerre est intrinsèquement violente et destructrice, et qu’elle a des conséquences disproportionnées sur les femmes et les communautés marginalisées. Ils soutiennent que la militarisation de la société et la participation des femmes à la guerre ne font que perpétuer un cycle de violence et d’injustice. Le féminisme pacifiste en Côte d’Ivoire a émergé comme une réponse aux différents conflits et aux violations des droits des femmes qui ont eu lieu dans le pays ces dernières années.

    Confrontée à une grave crise politique, la Côte d’Ivoire a été le théâtre de plusieurs conflits et violences basées sur le genre, qui ont eu un impact dévastateur sur les femmes et les filles. Pour les féministes pacifistes, la force ne doit pas être mesurée uniquement en termes de violence et d’agression, mais aussi en termes de capacité à résoudre les conflits pacifiquement et à construire des communautés saines et durables. Face à cette réalité, des organisations et des groupes de femmes ont commencé à s’organiser et à s’engager activement pour promouvoir la paix et la sécurité en tant que droits fondamentaux des femmes. Elles ont compris que les femmes devraient être impliquées de manière plus significative dans les processus de paix et de sécurité, car elles étaient souvent marginalisées et exclues de ces processus.

      La médiation des conflits est une initiative qui vise à impliquer les femmes dans les processus de négociation et de résolution des conflits. Les femmes sont souvent marginalisées et exclues de ces processus, ce qui peut entrainer des solutions inadéquates qui ne tiennent pas compte des besoins et des préoccupations des femmes. En impliquant les femmes dans ces processus, le féminisme pacifique vise à garantir que les voix des femmes sont entendues et que leurs besoins sont pris en compte. La formation des femmes en matière de défense et de sécurité est une autre initiative importante du féminisme pacifique en Côte d’Ivoire.

       C’est dans cette perspective que l’ONG ‘’vivre sans violence’’ qui est une ONG féministe a formé en 2023 cents femmes dont vingt-cinq par département (Bouna, Nassian, Doropo, Tehini) dans la région du Bounkani situé au nord-est de la Côte d’Ivoire sur la sécurité aux frontières en lien avec le terrorisme, le grand banditisme et la criminalité transfrontalière. Cette formation fournira aux femmes une compréhension de base du phénomène de l’extrémisme violent en Afrique de l’ouest, de la manifestation du phénomène en Côte d’ivoire, des stratégies de résilience et des mesures efficaces pour atténuer et prévenir l’extrémisme violent dans les communautés afin de permettre la mise en œuvre d’initiatives de prévention fondées sur des preuves. Le féminisme pacifique vise à donner aux femmes les compétences et les connaissances nécessaires pour jouer un rôle plus actif dans la construction d’une paix durable.

    Pour que les femmes s’approprient les mécanismes de gestion et de résolution de conflits, l’ONG ‘’Vivre sans violence’’ a formé cents femmes en 2024 dans la région du Bounkani sur le thème : Résilience et mécanismes de résolution des conflits. L’inclusion des femmes dans les processus de résolution des conflits et de maintien de la sécurité est essentielle pour assurer une paix durable dans la région du Bounkani. Trop souvent, les femmes de cette région sont exclues des mécanismes formels de prise de décision, alors qu’elles jouent pourtant un rôle crucial dans la stabilité et la cohésion sociale de leurs communautés. 

En impliquant davantage les femmes, on peut bénéficier de leur expertise, de leur connaissance fine des dynamiques locales et de leur capacité à tisser des liens sociaux essentiels à la résolution pacifique des conflits. C’est un levier essentiel pour construire une paix durable et inclusive dans la région du Bounkani et partant de toute la Côte d’ivoire.

La promotion des droits des femmes en tant que parties prenantes clés des processus de paix est une autre initiative importante du féminisme.

Le féminisme pacifiste est également étroitement lié aux efforts pour lutter contre les violences basées sur le genre(VBG) et pour promouvoir l’égalité des sexes. Il vise à reconnaitre et à adresser les causes profondes des conflits et des violations des droits des femmes, telles que la pauvreté, l’exclusion sociale et la discrimination. C’est ainsi depuis août 2024 en Côte d’Ivoire, des militantes féministes sont vent débout, dénonçant la montée de haine homophobe sur la toile.

Par ailleurs, le féminisme pacifiste est également confronté à plusieurs défis, notamment la marginalisation des femmes dans les processus de paix et de sécurité, la faible représentation des femmes dans les institutions gouvernementales et les organisations de la société civile.

Pour surmonter ces défis, le féminisme pacifiste doit continuer à s’engager activement et à s’organiser pour promouvoir la paix et la sécurité en tant que droits fondamentaux des femmes dans les processus de paix et de sécurité, et pour lutter contre les V BG.

    Pour conclure, nous pouvons affirmer que le féminisme pacifiste en Côte d’Ivoire est un mouvement puissant qui a contribué à promouvoir la paix et la sécurité dans le pays. Les actions des femmes ont été essentielles pour sensibiliser les gens à la violence basée sur le genre et pour promouvoir l’égalité des sexes. Leur engagement envers la paix et la sécurité continue d’être un moteur pour le progrès de la société ivoirienne.

    Pour explorer davantage cette question, des recherches futures pourraient se concentrer sur ces recommandations :

  1. Renforcer la participation des femmes dans les processus de paix et de sécurité en Côte d’Ivoire. Les femmes doivent être impliquées de manière plus significative dans ces processus, car elles sont souvent marginalisées et exclues de ces processus.
  2. Promouvoir les droits des femmes en tant que parties prenantes clés des processus de paix et de sécurité en Côte d’Ivoire. Les femmes doivent être reconnues et respectées en tant que parties prenantes clés de ces processus, et leurs besoins et leurs préoccupations doivent être pris en compte.
  3. Lutter contre les violences basées sur le genre et l’impunité en Côte d’Ivoire. Les VBG et l’impunité doivent être combattues et les auteurs de ces crimes doivent être poursuivis et punis.
  4. Renforcer la participation des femmes dans les institutions gouvernementales et les organisations de la société civile en Côte d’Ivoire. Les femmes doivent être représentées de manière plus significatives, car elles sont souvent sous-représentées et exclues de ces processus.
  5. Sensibiliser le public aux droits des femmes et à la nécessité de leur donner une voix et une influence plus importantes dans les processus de paix et de sécurité en Côte d’ivoire.
  6. Renforcer les partenariats entre les organisations de la société civile, les gouvernements et les organisations internationales pour promouvoir le féminisme pacifique en Côte d’Ivoire.
  7. Renforcer la recherche et le développement de politiques et de pratiques pour promouvoir le féminisme pacifiste  en côte d’ivoire.  

 

          Un regard de Clémence Odjohou

          Lemediacitoyen.com 

  Clémence Odjohou est  Enseignante de philosophie, Consultante des questions sécuritaires, Conseillère à l’ONG Opinion Eclairée et activiste féministe. Elle fait partie des personnes ressources régulièrement consultées sur la thématique de la résilience des groupes vulnerables à l’extrémisme violent. Cet article est rédigé dans le cadre de la campagne de communication sur les actions féministes en Côte d’Ivoire mise en œuvre par l’ONG Opinion Eclairée avec l’appui de la Foundation for a just Society et en partenariat avec Amnesty International Côte d’Ivoire.

 

 

 

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